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Bepos: quand les bâtiments positivent!

par  STEFAN LOUILLAT, Le Monde.fr, 5 juin 2014

Les Bepos kesako ? Cet acronyme désigne les bâtiments à énergie positive. Seuls 30 Bepos sont construits chaque année en France. Quels avantages présentent ces bâtiments? À quels critères doivent-ils répondre ? Comment peuvent-ils se généraliser ? Quelles sont leurs limites? Éléments de réponse avec Stéfan Louillat de l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie).

Des bâtiments qui produisent plus d’énergie qu’ils n’en consomment. Voilà le challenge que devra relever tous les bâtiments construits après 2020. Selon la règlementation européenne, les bâtiments à Energie Positive (les Bepos) devront donc afficher une “énergie nette presque nulle”. Si les détails de ce bilan positif sont encore à définir, les grands principes sont, eux, connus. Le bilan s’entend en moyennes annuelles et la production doit être supérieure aux consommations dues au chauffage, à la climatisation, à la production d’eau chaude sanitaire et à l’éclairage.

Plusieurs dizaines de réalisations ont été accompagnées en Ile-de-France par l’Ademe depuis cinq ans notamment par l’intermédiaire d’appels à projets pour des bâtiments démonstrateurs. Parmi eux, l’école de Saint Exupéry à Pantin. Composée de trois volumes compacts, l’école est dotée de plus de 1000 m2 de capteurs photovoltaïques. Cet équipement, couplé à des matériaux bien précis, lui permet de produire plus d’électricité qu’elle n’en consomme en chauffage, éclairage et ventilation. Les salles de classe, bureaux et espaces de loisirs sont également équipés de sondes photoélectriques afin d’optimiser la gestion de l’éclairage.

Une approche bioclimatique

Ce gisement d’opérations permet de mieux comprendre les avantages et les limites du concept et d’appréhender les conditions techniques, économiques et environnementales à sa généralisation. Le premier enseignement est qu’un Bepos est avant tout un bâtiment très économe en énergie et qui, dans sa conception, valorise au mieux les apports gratuits notamment solaires en hiver et se protège des surchauffes estivales. Cette approche bioclimatique est impérative pour maîtriser les coûts d’investissement et de fonctionnement des moyens de production de chaleur et de froid. Elle permet par ailleurs aux utilisateurs du bâtiment d’être moins vulnérables aux évolutions des prix de l’énergie.

Ces projets Bepos révèlent également la part de plus en plus importante des consommations d’électricité liées aux équipements ménagers, informatiques et bureautiques. Ces usages peuvent représenter plus de la moitié des consommations énergétiques totales des bâtiments performants. Plusieurs réalisations ont anticipé ces consommations spécifiques, la réglementation 2020 également. Toutefois celles-ci sont difficiles à anticiper car étroitement liées aux comportements des utilisateurs. La réglementation ne suffira donc pas. Un travail d’information et de sensibilisation pérenne complété par des équipements communicants, à l’image de l’initiative IssyGrid, devra impérativement être mis en place.

Adopter une vision globale

Ces expériences nous invitent à dépasser les seules consommations liées à l’utilisation du bâtiment afin de ne pas rater les objectifs énergétiques et climatiques globaux. Effectivement les consommations d’énergie liées aux matériaux pour la construction et la rénovation des bâtiments équivalent souvent à plusieurs dizaines d’années des consommations pour leur utilisation. De plus, l’énergie liée aux déplacements quotidiens pour vivre et travailler dans ces bâtiments performants doit également être intégrée.

Enfin, le périmètre du bâtiment doit aussi être discuté. La somme de Bepos ne résoudra pas les enjeux de la réhabilitation du parc des bâtiments existants pour lesquels ce niveau de performance est souvent inatteignable. L’émergence de l’intelligence dans le suivi et le pilotage énergétique permettra sûrement une coopération bénéfique des consommations et des productions locales décentralisées.

Le concept du Bepos constitue ainsi une formidable opportunité économique, sociale et environnementale qu’il est impératif de mettre en oeuvre en tenant compte des enseignements actuels.

Les chiffres clés

Les bâtiments représentent 40% de l’énergie totale consommée en Europe, devant les transports et l’industrie. 180 opérations de Bepos en France. 20 à 30 nouveaux projets Bepos livrés chaque année depuis 2009. 95% des projets Bepos concernent des constructions neuves dont 63% dans le secteur tertiaire.

Carte des Bepos en France

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