Learning from Chicago, Montréal, Paris

Résumé de la recherche / Summary of the recherche

Prospective des formes et des stratégies architecturales et urbaines.
« Learning from » Chicago, Montréal, Paris.

La densification du bâti des villes et la requalification de territoires urbains délaissés sont souvent mises en avant afin de créer une forme urbaine plus compacte et davantage en adéquation avec les principes du développement durable. Parmi les territoires qui s’offrent à de telles exploitations, il en est un dont le potentiel reste encore à saisir : le toit.

Que le toit soit considéré comme un paysage culturel ou comme une sorte d’infrastructure urbaine, ce territoire apparaît comme un nouveau terrain d’investigation, notamment au regard de la soutenabilité de nos modes de vie. Pourtant, mise à part la question de la végétalisation, des problèmes de déperdition de chaleur, d’îlots de chaleur urbaine et le développement des technologies de captation et de récupération d’énergie et malgré l’apparition çà et là de constructions, d’équipements, de traitements et de surhaussements dans ce paysage, ce territoire est peu abordé sous l’angle de son rapport à l’autonomie énergétique, un des éléments aptes à engendrer des mutations innovantes de l’espace et de la vie urbains.

Ainsi, par l’introduction du concept d’« épiderme aérien » du bâti urbain – entendu comme l’étendue des toits et des surfaces surélevées au-dessus de la « référence terrestre » du sol – la recherche projetée propose d’interroger les conditions des mutations des modes d’aménagement favorisant une culture énergétique et éco-systémique tenant compte de la crise environnementale globale. « L’épiderme aérien » offre en effet la possibilité de sortir le toit de son rôle traditionnel d’abri contre les intempéries – une sorte de bouclier protecteur convexe à l’image des toits pentus – pour en faire un paysage concave : un vaste condensateur habitable ouvert au ciel, susceptible de faire émerger une nouvelle culture de l’énergie. Dans ce cadre, la recherche vise à poser les jalons d’une réflexion sur les conséquences du rôle de l’énergie sur les écosystèmes et sur les formes et les stratégies architecturales et aménagistes du toit.

Dans une perspective tant historique et critique que prospective, il s’agira de faire le point sur les formes, les modes de vie, les technologies, les politiques en jeu. Il s’agira également de faire la lumière sur la relation entre la représentation (tant symbolique qu’identitaire) et la durabilité (du point de vue de l’impact énergétique et écologique). Plus spécifiquement, cela permettra de tenir compte de l’altérité territoriale des villes ainsi que d’identifier et de révéler les conditions idéal-typiques et épistémologiques de l’habiter afin, notamment, de saisir le domaine des toits urbains en tant qu’interface dynamique entre le cadre bâti et les éléments de la nature.

La méthodologie repose sur une dynamique dialogique entre trois approches : un chantier scientifique, un chantier projectuel et un chantier pédagogique dans le but d’appréhender par ces entrées complémentaires un objet commun. Cette démarche sera d’autant plus enrichie que nous offrirons une comparaison entre trois villes sur deux continents : Chicago, Montréal, Paris.

Le chantier scientifique comprend une équipe de treize chercheurs couvrant des compétences dont la complémentarité sera mise à l’épreuve au cours de la recherche et de ses résultats : architecture, urbanisme, géographie, sociologie, philosophie, génie civil, ingénierie écologique, agronomie et expertise en maîtrise d’ouvrage du développement durable. au-delà du chantier théorique, il s’agira de démarrer un chantier de recherche-création où la production de connaissances par projets prototypiques permettra de construire un rapport dialogique entre la recherche savante et la conception de l’espace, c’est-à-dire une sorte de fécondation qui permette d’inscrire l’un et l’autre comme véhicules d’un apport de connaissances propres aux disciplines de l’aménagement.

(Source: Ignis Mutat Res (2011-2013), Ministère de la Culture et de la Communication et Atelier International du Grand Paris, p. 21)

A Prospective Approach to Architectural/ Urban Forms and Strategies.
“Learning From” Chicago, MontreaL and Paris

The densification of cities and the redevelopment of neglected urban areas are often cited as means to a more compact urban form reflecting the principles of sustainable development. Another potential opportunity for urban areas remains to be explored: urban rooftops. Both as a cultural landscape and as an urban infrastructure and more specifically as a means to a greater sustainability of our lifestyles, this form of territory has received little attention. Numerous issues such as greening, heat loss reduction, the creation of heat islands, the development of energy technologies (capture and storage) and the intensification of the uses of rooftops have of course been addressed. However, little work has been done to explore their potential relation to issues of energy autonomy from the specific point of view of the urban scale. In fact, considering city rooftops not only for their potential at the level of the individual building but also at the scales of the urban block, the neighborhood and larger urban areas could generate innovations for, and provoke transformations in, urban space and life.

We signify our approach to these issues relating to rooftops and other available above-ground built surfaces with the term active urban skin. This concept is intended to evoke a “fifth urban façade” capable of playing an innovative role in approaches to city building. As opposed to the roof in its traditional role as shelter against the elements – a sort of convex shield–, the urban skin concept invites us to think in terms of a extensive, concave roofscape: a vast, ‘habitable condenser’ open to the sky and capable of fostering a culture of energy and eco-systemic service for a time of global environmental crisis.

We will approach the subject from historical, critical and prospective points of view, taking into account relevant issues of form, lifestyle, technology and urban policy. Relations between issues of representation (symbolic, identitary) and of durability (energy-related and ecological impacts) will also be brought to light. More specifically, we will seek to define the roofscape as an interface between the urban environment and elements of nature. In order to do so, we will study the specific territorial identities of the cities we are working on, and attempt to render explicit certain ideal-typical and epistemological conditions of urban life in them.

The methodology is based on a dialogical relationship between three “positions”: a research project, a design workshop and an educational workshop. Its development will be further enriched through comparisons between three cities on two continents: Chicago, Montreal and Paris. The team of researchers includes members of the disciplines of architecture, urban planning, geography, sociology, philosophy, engineering, environmental engineering, agronomy and expertise in project management for sustainable development. Reaching beyond purely theoretical speculation and construction, the group will develop a research-through-design approach in which prototypical projects serve as a means to development of knowledge; a form of dialogical, mutually enriching relationship of a kind specific to the architectural and urban design-related disciplines.

(Source: Ignis Mutat Res (2011-2013), Ministère de la Culture et de la Communication et Atelier International du Grand Paris, p. 22)